Pour une Église proche
des familles en deuil
Orientations
pastorales pour le diocèse de Bordeaux
Le texte
intitulé L'accueil, l'accompagnement et la prière avec les familles
en deuil est le fruit du travail
et des échanges du Conseil presbytéral et du Conseil pastoral
diocésain. Je le promulgue aujourd'hui, ad experimentum pour trois
ans, comme Orientations
pastorales pour le diocèse de Bordeaux.
En remerciant
tous ceux et celles qui ont contribué à son élaboration, je souhaite en
souligner les enjeux et préciser ses mises en œuvre.
Il est important
que notre Eglise diocésaine soit bien présente à la souffrance des
familles qui viennent de perdre un des leurs. Elle le fait par
l'accueil, l'accompagnement, la prière, la proximité, un témoignage de
foi et une parole d'amitié. Il en va pour notre Eglise de sa fidélité
"au Christ. Nous le voyons dans l'Evangile : le Christ se laisse
toucher par les supplications de Jaïre et par la souffrance de cette veuve
à Naïn ; il pleure devant la mort de son ami Lazare. Même avec des
prêtres moins nombreux, les communautés chrétiennes ne doivent
pas déserter ce haut lieu de la vie et de la mort, de la souffrance et du
deuil. Elles doivent s'organiser et tout faire pour cela.
Les obsèques
sont un des lieux où l'Eglise rencontre une population très mêlée de
croyants, d'indifférents et d'incroyants. C'est là qu'elle témoigne
de son accueil de tous, du sens qu'elle donne à la vie humaine, de sa
foi en la résurrection et de son espérance en la vie éternelle. L'enjeu
apostolique de la pastorale des funérailles est bien réel.
De plus, dans
une société qui masque volontiers la mort dans le quotidien, l'Eglise
rappelle que celle-ci fait partie intégrante de la vie humaine et aide
les familles à faire l'indispensable travail de deuil. Il y a là toute
une œuvre, discrète et cependant importante, d'humanisation à
laquelle participent les communautés chrétiennes.
La mise en
place d'équipes de funérailles vient également mieux signifier la dimension
communautaire de l'Eglise. Elle vient manifester que le prêtre
n'est pas le seul permanent d'un « service public » du religieux mais le
pasteur d'une communauté qui, dans la diversité de ses membres, se veut
au service des familles touchées par la mort d'un des leurs. A la
fonction de présidence du prêtre, les
membres de ces équipes apporteront un très utile concours (visites avant
et après l'enterrement, animation des chants, personnalisation du mot
d'accueil, présence éventuelle au cimetière...) En l'absence
de prêtre ou de diacre disponibles, ces équipes conduiront la prière
des funérailles.
Au rappel de ces enjeux, il faut
ajouter quelques directives pour la bonne mise en œuvre de ces Orientations
pastorales et répondre par avance a quelques questions qui risquent
de se poser.
1)Les
responsables de secteur veilleront à ce que les communautés
chrétiennes soient alertées sur
l'enjeu pastoral que représente la célébration des funérailles
chrétiennes, sur la nécessaire implication
de leurs membres dans cette prise en charge et sur les raisons du visage
nouveau que peut prendre aujourd'hui cette pastorale des funérailles.
2) Dans
chaque secteur pastoral sera constituée une équipe pour les
funérailles (ou plusieurs selon la
taille du secteur). Une formation, en lien avec le service de formation du
diocèse, sera proposée à
leurs membres.
3) Vu le
manque de prêtres ou de diacres qui se fait rudement sentir aujourd'hui,
on invitera ces équipes
des funérailles à conduire la prière de cette célébration
quand aucun prêtre n'aura pu
être présent. Cette prise en charge sera assurée par toute l'équipe
mais un de ses membres portera plus particulièrement la responsabilité
de l'animation de cette prière.
4) C'est le
responsable de secteur ou le curé qui est chargé de cette
pastorale des obsèques. C'est lui qui en reste le responsable. Le canon
530, 5 du Code de droit canonique rappelle que parmi les fonctions
spécialement confiées au curé se trouve celle de la « célébration
des obsèques ». Comme pasteur, la présidence des funérailles est un
élément important de son ministère. S'il peut demander en cas d'absence
à l'équipe des funérailles de conduire la célébration, il ne saurait
confier l'ensemble ou la quasi-totalité de ces célébrations à cette
équipe.
5) Si un prêtre,
ami de la famille, est présent à une célébration de funérailles où
une conduite de la célébration par l'équipe des funérailles était
prévue, c'est le prêtre qui présidera la célébration. Il devra au
préalable prendre contact avec le curé de la paroisse et s'accorder avec
l'équipe des funérailles pour les modalités pratiques de la
célébration.
6) Même si les prêtres
aujourd'hui sont moins nombreux et si des célébrations d'obsèques
conduites par des équipes de laïcs se multiplient, on ne saurait
interdire toute messe le jour des obsèques. La célébration de
l'Eucharistie à cette occasion est profondément traditionnelle.
Quelle meilleure confession de foi que de vivre dans l'Eucharistie, la
Pâque du Seigneur, ce passage de la mort à la Vie? Mais, là où la
célébration de la messe n'est pas possible, là où elle n'est pas
souhaitable (vu la composition de l'assemblée, par exemple), on invitera
les proches du défunt à participer à la messe dominicale, où un
accueil de leur famille et une intention de prière particulière pour la
personne défunte seront proposés.
Puissent ces Orientations
diocésaines nous aider à mieux servir Celui qui se veut le pasteur
proche et attentionné de son peuple. Nos communautés chrétiennes seront
alors les vrais témoins du Christ, de ce Christ qui est venu « pour que
les hommes aient la vie et qu'ils l'aient en abondance. » (Jn 10, 10)
Fait à Bordeaux,
le dimanche 27 mai 2007
En la fête de Pentecôte
Jean-Pierre Cardinal RICARD
Archevêque de Bordeaux
Evêque de Bazas
Extrait
de l'Aquitaine N° 12 du 22 juin 2007
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